dimanche 19 juillet 2015

Article dans Saisons de Culture

Patrick Fauconnier
La transposition du défaut




Par Mylène Vignon








Non-Image et transgression




P a t r i c k   F a u c o n n i e r



D’OU VIENNENT MES IMAGES? POURQUOI?


Entre Art Déco et Post-Cubisme, flirtant avec le Minimalisme ou le Cyber Art, 
mon travail s’est construit sur un maillage d’imaginaires, de concepts. 
Cette hybridation délibérée s’est imposée année par année via une réflexion visible comme une signature dans ma production, ce qui est l'objet de ce document que je vous propose de découvrir.


Je vois le monde à travers un prisme, le filtre selon des critères très sélectifs. En effet, tout mon travail vise à rendre compte d'images mentales, de synthèses, et uniquement, qui retraduisent la complexité du vivant.
Via ce que j'appelle une cyber vision picturale.



Rose Weapon - Huile sur toile 100 x 100 cm.


IMAGES DE SYNTHÈSE?


Parmi mes sources d’inspirations, les fractales de Benoît Mandelbrot.

Une conception qui part du principe que le vivant, les choses, l'artificiel sont régis par une organisation mathématique créant par algorithmes sur "elle-même" comme les nombres d’Or et Pi. 

Ce principe est utilisé par les professionnels de l’image 3D.

Je suis également imprégné des théories sur le cosmos et la création. A savoir que l'univers serait parcouru, de systèmes, de géométries subtiles. Ainsi ma peinture cherche à imiter cela en fragmentant, défragmentant le réel.

Partant du principe que ce que l'on voit est éphémère, illusoire, la caractéristique de mes abstractions est qu'elles offrent à voir des perceptions évolutives, des trompes l’œil à l'instar de la géométrie sacrée islamique, des illusions d'optique de l’artiste Néerlandais Cornelis Escher ou bien des distorsions Orwelliennes du réel dans Matrix.


Tulipes Mauves I – Huile sur toile 100 x 100 cm. 


Cyber espace et anomalies


"La géométrie de la nature n’est vrai qu’en gros. Dans les détails, une figure naturelle géométrique n’est jamais juste, au sens ou l’entend l’agrégé de mathématiques. Le pentagone d’une fleur à cinq branches n’est pas régulier. S’il l’était, la fleur ne serait pas "vraie". 
Son irrégularité, c’est sa personnalité."
Louis Charpentier


Abstraction Géométrique


Ainsi ma démarche se veut celle d'une sorte de mathématicien empirique, à la
Géométrie délibérément chaotique. 
Je propose des images aberrantes, aléatoires, poétiques avec des défauts, des bugs informatiques peints avec hyperréalisme assumés comme antithèses et pastiches de celles, trop parfaites générées par La Machine.

J'utilise donc le vocabulaire de l'imagerie numérique, c'est-à-dire dépeindre mon environnement, mon temps (scientifique, cybernétique, géométrie, 3 Dimensions, facettes, basse et haute définition, brouillage, camouflage, furtivité, spy, virus, nanotechnologies... etc.) dans le but de rendre compte de la rationalisation, déshumanisation et même aliénation engendrée par elle.

Dans cette mesure, je me situe dans une mouvance Cyberpunk,
Tel un geek qui se rapproprie la systématisation, la fable des images générées par les industries de l’image. Je, deviens l'algorithme en filtrant ce « réel » 
Par une perception technologique.

Campo Stella VIII – Huile sur toile 34 x 40 cm.



La littérature Cyberpunk tels Neuromancien de William Gibson ou Câblé de Walter Jon William (qui décrivent un futur, un univers d’entités multinationales tentaculaires, de réseaux interfacés, d'intelligences artificielles, et de bioélectronique.) représentent pour moi une intelligence/Image qui se voulant artificielle ne s'intéresse qu'à l'humain ou à la nature… 

Elle est robotique mais si complexe, bionique, qu'elle en devient organique, biologique.
Un autre Land Art, une sorte de Seconde Life évoluant aussi dans la vraie vie.

C'est ce paradoxe qui m'inspire non stop.


Oeillets Diptyque - 2 panneaux 50 x 100 cm - Huile sur toile 100 x 100 cm


Ainsi je recherche des paradoxes visuels, perceptifs, des lectures gigognes.
Un tableau peut être vu et compris sans les autres. Mais chacun d'entre eux n'est qu'un reflet, un éclat, une illusion d'illusion d'une réalité, d’une unité plus large.

Je peins des fictions, parcelles de l'image d'un tout, en marquages, en balises de réalités augmentées. C'est pourquoi je ne conçois pas mes peintures comme d’aimables variantes picturales mais bien comme des visions venues d’un ailleurs inconnu, lointain, sacré.

Ces vues sont actives comme des virus, des machines outils vivantes, ce sont des dessins et modèles à l’inquiétante étrangeté, au ressenti immédiatement reconnaissable, sinon, pourquoi y réfléchir autant, les dessiner, les peindre, les faire naître, puis dialoguer avec?



Fragments de roses Hologrammes Jaunes - Huile sur toile 100 x 100 cm.


Clairement chacune de mes productions picturales, en tant que dessein, vise un projet plus large d'art total, prêt à être mis en scène, déployable et évolutif sous toutes formes numériques. 

Chaque œuvre est en fait, une partie d’un tout, le prototype d’un concept déclinable en variantes sculpturales, décoratives, numériques fixes ou animées, 
déclinaisons tri dimensionnelles imprimables en 3D. 


Typhon Hélix Akula classe - Huile sur toile 100 x 100 cm.



LE CYBER LAB PICTURAL

Orchidées Oxymore III - Huile sur toile 100 x 100cm.